Chok Théâtre (St-Etienne) 12 et 13 mars 2020 à 20 h
Acte 2 théâtre (Lyon) 16, 17, 18 mars 2020 à 20 h
Espace Noëtika ( La Pacaudière) 28 avril à 20 h 30
Avec
Serge Pillot - Peppino
Michel Laforest - Nicollo
Olga Chakhparonova – Filippa
Création lumière – Georges Antoine Labaye
Photos, vidéo – Pierre Philippe Toufektchan
Histoire
Le hasard réunit à nouveau Peppino, Nicollo et Filippa, trois clowns, anciens amis et complices de piste, qui répondent à une même annonce d’offre d’emploi.
Trio à succès dans le temps passé, ils connaissent tous les trois aujourd’hui une fin de parcours peu glorieuse.
On les retrouve dans une sorte de non-lieu, « une antichambre avec une grande porte au milieu », où ils attendent patiemment d’être reçus pour une audition.
Sans travail, sans cirque ils s’accrochent à leurs souvenirs poussiéreux du temps d'avant, des vieilles paillettes et des numéros d’autrefois, un peu démodés.
Mais le temps passe et on ne vient toujours pas les chercher.
Le long temps d'attente de cette mystérieuse audition fait vite passer la joie et les émotions des retrouvailles et laisse progressivement la place à l’angoisse, puis à la panique, car il n’y a qu’une place, alors qu’ils sont trois à vouloir réussir leur coup et décrocher ce job de la dernière chance !
Crédits photos - Pierre-Philippe Toufektchan // Première résidence au théâtre des Asphodèles (Lyon)
Que dire sur cette pièce ?
Olga Chakhparonova - metteur en scène
Que l’histoire est plus tragique que drôle. Et pourtant la pièce est d’une drôlerie, d’une humanité, et d’une tendresse infernales !
Que l’histoire de ces trois clowns jetés hors-piste (cirque, vie, société…) que Visniec réunit dans une salle d’éternelle attente est aujourd’hui d’une actualité frappante.
On est jeté sur le bord de la route de plus en plus tôt, les cases sont de plus en plus restreintes pour que l’on puisse y entrer, les conditions sont de plus en plus nombreuses pour que l’on puisse y correspondre. On attend quelque chose tout le temps. Parfois la vie entière est une attente. En attendant on court d’un petit boulot à l’autre pour survivre. Nous avons des rêves, qui se réalisent parfois, mais souvent on n’ose même pas rêver, ou pas le temps tout simplement…
Et puis ces personnages de clowns, qui sont-ils ?
Sont-ils d’éternels enfants venus d’un monde aimable, empli de nostalgie douce-amère ? Ceux avec des vestons en peu trop courts, et des pantalons jusqu’à mi-mollets qui nous font tant rire ?
Ou bien ceux d’« un miroir dans lequel l’homme voit son image grotesque, déformée et comique...» ?(Federico Fellini - "Un voyage dans l’ombre")
Comment créer de la tragédie dans le rire ?
Comment mettre en scène cette allégorie tragi-comique du désert et de la laideur présente derrière la façade d'un perpétuel sourire ? Les souffrances et les drames invisibles, qui se jouent derrière le décor du nez rouge ? La solitude, les souvenirs et la douleur qu’ils portent en eux ? L’angoisse sur « et après ?»
Alors que dire sur cette pièce ?
Elle est compliquée et complexe à la fois, car derrière les apparences burlesques et tous ces accessoires de clown : grotesque, exagération, postiches, maquillage et autres paillettes, il y a une réflexion sur des questions philosophiques :
La fin justifie-t-elle les moyens ?
Qu'est-ce qui est de l'art ? Qu'est-ce qui n'en est pas ? Et mérite-t-il tout sacrifice ?
Qu’est-ce que c’est mourir ? Peut-on mourir en temps qu’être humain quand s’arrête en nous la bonté, les capacités de la compassion, de l’empathie ?
Ces éternelles questions n’auront peut-être jamais de réponses, mais il me semble important de les poser.